Thy-le-Château
Le village de Thy-le-Château
Thy-le-Château est un village vallonné avec en son centre le château féodal et l’église. Il est traversé par la Thyria, prenant sa source à Florennes, et passant en souterrain sous les usines pour réapparaître en face de la poste. Anciennement coupé en deux par la ligne de chemin de fer, aujourd’hui désaffectée.
Le village s’est longtemps caractérisé par son activité sidérurgique qui connut une forte expansion au 19ème siècle.
Le village couvre une superficie de 842,36 ha dont 154,77 ha de bois.
Origine du nom
Thy-le-Château s’écrivait en 868 « Tier » et en 1380 « Thier-le-Chastiau ».
Thy est une dérivation de « Thier », ancienne dénomination du village, signifiant « colline ». Pour distinguer la commune de celle de Thy-le-Baudouin, on a ajouté au nom, dès 1380, le déterminant « château », allusion au « manoir » local qui aurait été construit, selon la légende, à l’époque des croisades, sur le plan du château de Tyr, célèbre port phénicien, actuelle ville libanaise de Sour.
Un peu d’histoire…
Des vestiges romains furent découverts à Thy, mais le village n’est cité qu’à partir de 868, dans le polyptique de Jean de Cabrai mentionnant la liste des possessions de l’abbaye de Lobbes.
En 1188, le château fut pris par Baudouin V, comte de Hainaut, au cours de la guerre de succession que celui-ci faisait à la famille comtale de Namur.
C’est par une charte de 1190 que le village devint seigneurie des mains de Guillaume, frère de Baudouin. La seigneurie de Thy-le-Château comprenait Chastrès, Cour-sur-Heure, et plus tard Gourdinne, Somzée, Fairoul et Tarcienne.
Différents seigneurs se succédèrent, notamment les Werchin, les Melun, les Ligne, les Croy, les Barbençon-Jeumont et les Rohain.
Un passé industriel…
Thy a vécu de la métallurgie pendant des siècles : marteaux, moulins à fer, affineries, platineries s’y sont implantés.
C’est au 19ème siècle que la grande industrie métallurgique connut son apogée, notamment grâce à la création en 1848 de la ligne de chemin de fer reliant Thy-le-Château au bassin de Charleroi.
En 1763, la société de Thy fut créée. A cette époque, il y avait une forge et une fonderie. Les minerais siliceux et la castine étaient extraits aux abords de l’usine et dans les villages voisins, le charbon de bois était produit en abondance dans les forêts de la région. La Thyria fournissait la force motrice. C’est en 1893 que la société transporta ses activités et son siège social à Marcinelle.
Par après, le 25 janvier 1904, la famille Piret fonda la S.A. des usines métallurgiques de Saint-Eloi.
La Compagnie Générale des Aciers a été fondée quant à elle en 1905.
Tout au long du 20ème siècle, des périodes florissantes se sont alternées avec des périodes plus critiques. Pendant la 1ère guerre mondiale, l’activité a été arrêtée. Les usines furent occupées par l’armée allemande. A cette époque, Mr Piret fonde, à Bonnières-sur-Seine en France, un autre laminoir où furent engagés bon nombre d’ouvriers travaillant aux usines de Thy.
Les années 30 sont prospères pour les usines où travaillent près de 1000 ouvriers avec une production atteignant 540 tonnes d’acier coulé par mois. Depuis la fin du 19ème siècle, c’est tout un village qui vivait des laminoirs. Plusieurs générations d’ouvriers s’y sont succédées.
A partir de 1970, les difficultés commencèrent. Cette année là, la compagnie Générale des aciers cessa ses activités. La dernière usine, celle de Saint-Eloi, ferma en 1987 et la ligne de chemin de fer fut supprimée en 1989.
De ce passé restent les bâtiments : la façade principale de l’usine Saint-Eloi a été restaurée en 1986 et on peut toujours observer la statue du saint. Subsistent également deux cheminées, dont l’une à section rectangulaire date du 19ème siècle, des maisons ouvrières alignées, des maisons de maîtres de forge, la dernière gare abritant, depuis restauration, la poste.
Les bâtiments des usines ont été vendus à plusieurs propriétaires. Une aile a été transformée en appartements, un hall accueille un garage de voitures et d’autres halls sont occupés par différentes sociétés.
La seconde guerre mondiale
Dans la nuit du 14 mai 1940, une bombe explose dans le centre du village de Thy. Un avion lance une fusée éclairante munie d’un parachute. La bombe explose au sud-ouest du portail de l’église et creuse un profond cratère. Elle est suivie de plusieurs autres. Un camion chargé d’obus explose. Le feu se propage aux maisons environnantes, faisant de la place communale et du quartier de Versailles un énorme brasier.
Sur un total de 489 maisons, 28 furent totalement détruites, 27 gravement endommagées, 200 autres ont subi des dégâts aux toitures, portes et fenêtres.
Le presbytère et l’école des filles ont subi d’importants dégâts. Mais de l’église gothique, il ne restait que des murs calcinés.
Depuis le 11 mai de cette même année, le village accueillait un service médical de l’armée française. Un hôpital de campagne était dressé au champ Bourdon (demeure des pères blancs d’Afrique), un centre de désinfection était installé à l’école libre et une infirmerie à l’école des filles. Un centre de triage existait dans l’école des garçons.
On peut justifier de la présence de ces installations par le fait que la région était sillonnée par des convois militaires passant par les routes de Berzée, Thy, Nalinnes, Rognée et Gourdinne,…
Le matin du 14 mai 1940, en gare de Berzée, un train de munitions destiné à l’artillerie française est déchargé et les obus placés sur des camions. Les véhicules doivent emprunter la route de Baconval et donc contourner le centre du village.
Mais, au carrefour de la route de Nalinnes, le convoi n’a pas pris la bonne route. Selon la rumeur, une jeune fille, membre de la jeunesse rexiste, aurait déplacé le panneau indiquant la route. Le convoi aurait rejoint le centre du village pour être bombardé dans la soirée.
Ajoutons que le 31 juillet 1944, une rafle a eu lieu au séminaire des Pères blancs de Thy. Un groupe de missionnaires des Pères blancs d’Afrique et des membres du personnel ont été arrêtés et emprisonnés par les nazis dans des camps de concentration en Allemagne.
Pourquoi cette rafle ? Lors d’une perquisition, les allemands avaient trouvé au séminaire des cartes de l’avancée des Alliés. Cinq d’entre eux ont pu rejoindre leur foyer au sortir des camps, huit ne sont pas revenus.
L’Eglise Saints Pierre et Paul
Il s’agit d’un édifice en calcaire reconstruit de 1955 à 1959 sur les plans de l’architecte G.PUISSANT, en remplacement d’une église gothique du 15ème-16ème siècles fortement endommagée pendant la seconde guerre mondiale et particulièrement lors des bombardements de mai 1940.
De l’église d’origine, ne subsiste que la haute-tour porche occidentale, retouchée en 1719 et dont le parement a été presque entièrement refait après la dernière guerre. Mais également, un porche en moyen appareil de calcaire sur base biseautée. Le porche et la haute tour sont classés depuis 1948.
A l’intérieur, on retrouve une voûte d’ogive nervurée, la châsse de Saint-Pierre, le décor en céramique de Vinck et une pierre tombale du curé P. Yernaux, mort en 1764.
La châsse Saint-Pierre
Elle a été ciselée en 1617 par l’orfèvre namurois Henri Libert. Ce coffret rectangulaire de 50x53x26 cm en cuivre doré et argent contiendrait notamment les reliques du saint. La châsse est présentée au public pour être vénérée lors de la procession de la marche Saints Pierre et Paul, le 1er dimanche de juillet.
Le château médiéval
Au 12ème siècle, on trouve des traces de l’existence d’un château mais les destructions ont été nombreuses aux cours du temps. Il fut notamment incendié par les Sans-Culottes en 1790 et resta à l’état de ruine pendant des années. Vers 1830, il est racheté par la famille Henseval qui le transforme en grange et habitation.
En 1872, le château appartient à Louis Mouvet et devient une brasserie en 1896 sous le nom de « Brasserie de Thy-le-Château ».
C’est en 1910 qu’il est racheté par Auguste et Félicien Choisis de la société « Choisis-Plennevaux », brasserie jusqu’en 1919. Cette année-là, c’est Louis Piret, propriétaire de l’usine Saint-Eloi, qui acquiert le château. De 1928 à 1931, la restauration complète du château est entreprise sur les plans de l’architecte Puissant : courtines, tours d’angle et châtelet d’entrée de l’enceinte sont reconstituées sur les bases anciennes.
En 1940, l’explosion d’un convoi de munitions français endommage fortement le château. Il a été reconstruit depuis. Il est actuellement la propriété de Monsieur Corbeau et est inoccupé.
L’ancien moulin de Thy
Il date sans doute de la 1ère moitié du 18ème siècle dont les ouvertures ont été réaménagées au 19ème siècle. Il se situe en bordure de l’Eau d’Heure, le long du chemin menant de Rognée à Thy, non loin d’un pont rustique à 3 arches datant de 1857.
C’était un moulin à farine actionné par la force hydraulique.
On trouve cependant des traces d’un moulin dans un document de 1517. En 1754, il est un moulin banal destiné à la mouture du blé, affectation qu’il conservera jusqu’en 1967 à la mort du dernier meunier, Louis Mazy.
Durant la seconde guerre mondiale, le moulin a servi de refuge à un réfractaire au travail obligatoire en Allemagne.
Il a été vendu en 1975 aux actuels propriétaires qui l’ont restauré dans ses moindres détails.
Le moulin, ses 3 paires de meules, la roue à aubes de 2,60 m de diamètre, le bief alimenté par l’Eau d’Heure et une zone de protection entourant le tout ont été classés comme monument le 12 juillet 1994 dans un acte signé par le Ministre André Baudson.
L’ancienne ferme du château ou du seigneur
Elle se situe à une centaine de mètres au nord-est du château et est bordée par la Thyria. Il s’agit d’un ensemble en moellons de calcaire aujourd’hui aménagé en habitations et dont la pièce maîtresse est un logis gothique de la seconde moitié du 16ème siècle.
Le comité de jumelage
Depuis plus de 30 ans, le village de Thy est jumelé avec la ville française de Bonnières-sur-seine. La famille Piret, exploitante de l’usine de Thy, avait fondé durant la 1ère guerre mondiale une usine à Bonnières avec les évacués de la région. Un camp de convalescents belges existait dans les environs, des écoles belges furent créées. Il existe également un cimetière belge où furent enterrés les soldats décédés à la suite de leurs blessures.
Depuis 1972, une année sur deux, Thy rend visite à ses amis de Bonnières.
Sources :
– Point virgule, Spécial Thy-le-Château, 1er juin 2001.
– SERVAIS., Armorial des Provinces et des Communes de Belgique, Crédit communal de Belgique, 1955.
– Le Patrimoine monumental de Belgique, Tome 9.2
– CLOCHERIEUX, C., La rafle au séminaire commémorée, in Vers l’Avenir, le 1er août 2005.
– C.A., A Thy-le-Château, l’église presque rasée, in Vers l’Avenir, le 20 novembre 2004.
– LEOTARD et ROBAT, La région de Walcourt-Beaumont pendant la seconde guerre mondiale, Tome 1.