Le Village de Rognée

Rognée est situé sur un plateau légèrement vallonné et couvre une surface 585 ha 58.
Son altitude est de 180 m au seuil de l’Eglise.

Le village est traversé par quatre ruisseaux :

  • le ruisseau de la Praille ou de Péruwez. Il prend sa source à Castillon, traverse Mertenne et se jette dans l’Eau d’Heure à Berzée ;
  • le deuxième prend sa source au sud du village, aux environs des lieux-dits les vivis et se dirige vers Berzée ;
  • le ruisseau du « fonds des bois », venant de Fontenelle et se dirigeant vers Pry pour se jeter dans l’Eau d’Heure;
  • un petit ru, afflue de la Praille, prenant sa source dans un petit étang à proximité de Mertenne.

Les origines du village…

Outre de nombreux outils en silex, tant taillés que polis, indiquant une présence active sur son territoire, au paléolithique et au néolithique, on y a également découvert lors des 4 campagnes de fouilles entreprises par le cercle archéologique de Charleroi en 1887, 1892, 1894 et 1895, une luxueuse villa romaine, décorée de nombreuses fresques.
Cette villa se trouvait le long de la chaussée Bavay-Trêves au lieu-dit Peruwez.
On suppose que celle-ci faisait partie d’un réseau routier antérieur à la période gallo-romaine et restaurée lors de l’invasion de la Gaule par César.
Une petite agglomération se situait à quelques centaines de mètres de la villa.

Le nom de Rognée apparaît plus tard, et l’on peut lire pour la 1ère fois Rohignies ou Rohensas dans le polyptyque de l’abbaye de Lobbes en 868.

Au cours des siècles, Rognée a subi différentes transformations orthographiques : Rogenée, Rohignies, Rogirum, Rochenée,…
Tous ces noms ont une origine commune, « Roc » et découleraient de Rockiniacas signifiant le domaine de Rocco ou de Roch, ce dernier étant d’origine germanique.

L’abbaye d’Aulne devenue puissante, des terres de Rognée en furent en partie dépendantes. Le village fut ensuite partagé à une date incertaine entre la principauté de Liège et le Comté de Namur. La juridiction seigneuriale y était exercée pour Liège par Morialmé jusqu’au 17ème siècle et, pour l’enclave namuroise, par Thy-le-Château qui y avait une cour de justice au 14ème siècle.

A la fin du 19ème siècle, on exploita à Rognée des carrières de pierre bleue.

La culture et l’élevage, particulièrement celui des chevaux de labour, avaient une large place dans la vie économique du village jusqu’en 1955.

La place

L’église Notre-Dame…

Comme de nombreuses autres communes, Rognée posséda plusieurs églises successives, chacune se situant dans le centre du village entourée d’un cimetière.

En 1985, des fouilles sont entreprises et effectuées par une équipe d’universitaires de Liège dirigée par Monsieur Jean-Marc Léotard, invité par le Cercle d’Histoire de l’entité de Walcourt. La stratigraphie des lieux révélait les vestiges d’au moins deux stades de construction précédent l’érection de la chapelle actuelle.

Les premiers résultats des fouilles attestent l’existence de deux fondations parallèles, sans doute postérieures à l’époque romaine. Ces fondations ont été en partie détruites lors de la construction de l’Eglise démantelée vers 1854 mais néanmoins servirent de base à sa construction.

Il est donc probable que lors de la christianisation de notre région, la première église a été construite sur un lieu de culte païen. Ensuite, deux fondations différentes semblent prouver la présence de deux édifices religieux antérieurs à la dernière église de style roman édifiée en ce lieu et démolie en 1854.

Quelles sont les raisons du démantèlement de cet édifice ?

On sait que l’augmentation de la population (ouverture et agrandissement des usines métallurgiques de Thy-le-Château et prospérité du chemin de fer) et le mauvais état de l’édifice ont influencé les dirigeants de l’époque.

L’actuelle église, de style néo-classique, a été construite en 1857.

La chapelle

La seule chapelle existant à Rognée se situe dans le vieux cimetière. Depuis sa restauration par le cercle d’Histoire de l’entité de Walcourt, elle est laissée à l’abandon.

La grotte

A l’entrée du village en venant de Mertenne, se trouve une reproduction de la grotte Notre-Dame de Lourdes.
Elle fut construite par l’abbé Sylvain Roland. A son retour de la guerre 1914-18 où il avait servi comme brancardier, ému d’avoir retrouvé son village intact, il décida d’honorer le vœu qu’il avait fait avant de partir pour la guerre.
Il construisit de ses mains une grotte en l’honneur de Notre-Dame de Lourdes.
Elle fait l’objet, de nos jours, d’un culte.

grotte rognée

Du vieux cimetière de Rognée à l’abbaye de Villers-la-Ville :
l’étonnant voyage de Dom Placide.

En 2018, la pierre tombale de l’abbé Adant, ancien curé de Rognée, a été déplacée du cimetière de Rognée vers l’abbaye de Villers la-Ville.

Avant d’être curé à Rognée, l’abbé Adant était d’abord connu sous le nom de Dom Placide.

Il fut le dernier moine survivant de l’abbaye de Villers après la dispersion de la communauté monastique sous la Révolution (1796).

Ce dernier décéda en 1852 comme curé de Rognée, sous son nom de naissance Philippe Adant. Dom Placide bénéficiait dès le 19ème siècle d’une grande notoriété à Villers-la-Ville.

Sa vie fut romancée par l’auteur Eugène Van Bemmel dans son livre : Dom Placide. Mémoire du dernier moine de l’abbaye de Villers (1875).

La confrérie des «Hostieux Moines » de Villers-la-Ville qui gère aujourd’hui le site de l’abbaye, a décidé de faire ériger une statue à l’effigie de Dom Placide en face de la microbrasserie de l’Abbaye.

Dans ce cadre, la Ville de Walcourt a accepté de déplacer la pierre tombale de Rognée vers le cimetière des moines situé dans l’enceinte de L’Abbaye.

Une plaque émaillée est apposée dans l’ancien cimetière de Rognée pour rappeler l’histoire mouvementée de Dom Placide/ Abbé Adant.

Sources :
– BEDORET F. & BEDORET N., Rognée à travers les âges, Cercle d’Histoire de l’Entité de Walcourt, 2002
– Rognée à travers les âges, in le Point virgule, 1er septembre 1999, pp1.