Chastrès
Le village de Chastrès
Situation
Gros village en calcaire de 777 habitants (au 1er janvier 2005, Domaine de Pumont compris; 667 en 1988) d’une superficie de 678, 06 ha, il présente un centre ancien blotti sur une crête étroite étirée d’E en O. On y découvre un habitat dense desservi par un réseau serré de petites rues sinueuses.
La base du village se situe à 190 m d’altitude, tandis que le point le plus haut (vers le domaine de Pumont) culmine à 232,5 m.
Un ruisseau, le ry du Vivier Madame prend sa source dans le Bois de la Ville, côté Fairoul, et se jette dans l’Eau d’Heure en face du quartier du Jardinet. Il constitue la limite entre Chastrès et Walcourt, le long de la rue des Ry de Ry.
De nombreuses fontaines émaillent le territoire.
Terres de cultures et prairies sont desservies par 5 agriculteurs dont l’un s’est déjà lancé dans la diversification en élevant des poulets de chair.
Enchâssé entre la RN 978 (route des Barrages) et la route « Chastrès-Thy », le parc d’activités économiques (le « zoning ») présente déjà une belle brochette d’entreprises procurant de l’emploi à quelques dizaines de personnes.
En toutes saisons, des centaines de promeneurs pédestres, vététistes ou cavaliers parcourent ses chemins et sentiers. A ce jour, dans le cadre du projet « Transwal » dont le but est de relier entre eux tous les villages de l’entité par des itinéraires campagnards, certaines liaisons sont déjà balisées ou en passe de l’être, par exemple : Laneffe-Chastrès-Vogenée, Laneffe-Chastrès-Pry, Laneffe-Chastrès-Walcourt.
Un peu d’histoire
Suivant Arnould Froment dans « Walcourt et son passé » (1958), l’origine du nom du village peut se décliner comme suit : « Castritium (868-9), Castrece (12è), Casterech (1197), Kestereces (1216), Chastreche (1223), Chasterech (1289), Chestrech (14è). En wallon; on dit Tchèstrès ». La racine est donc castrum (château).
Chastrès a, comme de nombreux villages de la région, été habité à l’époque romaine. Siège de la villa gallo-romaine du Gau et d’une industrie sidérurgique, la plaine qui s’étend vers Thy-le-Château, était traversée par la chaussée romaine menant de Bavai à Trêves. On y a découvert également des vestiges de bains publics datant du IIè s.
En 868, les habitants de « Castritium » devaient, chaque 25 avril au jour St-Marc, payer au monastère la « Bancroix », la cotisation et les mailles (autrement dit : un pain ou un demi-denier par famille, un setier d’avoine par charrue et une obole en monnaie du lieu d’origine). La « Bancroix » était une procession, au cours de laquelle tous les habitants d’un même village (un ban) groupés derrière la croix, se mettaient en marche dès le lever du soleil. Après la célébration solennelle de la messe, les pèlerins remettaient leurs offrandes aux moines de l’abbaye.
Par la suite, Chastrès fit partie de l’abbaye de Lobbes. A la fin du XIIè s (1190), Baudouin V de Hainaut crée la seigneurie de Thy, dépendant du Comté de Namur. Elle va s’étendre jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, sur le territoire de Gourdinne, Somzée, Tarcienne, Fairoul et Chastrès (« Castrece »). A la tête de la terre de Thy, 28 seigneurs vont se succéder jusqu’au XVIIIè s. Quant à Joseph de Croy, dernier seigneur du domaine Chastrès depuis 1783, il devra l’abandonner lors de l’occupation française.
Chastrès ne fut pas épargné par les guerres qui ébranlèrent l’Entre-Sambre-et-Meuse aux XVIIè et XVIIIè s. A tel point qu’en 1656, il n’y restait qu’un seul manant. Mais les conditions d’existence s’améliorant, le village comptait 217 habitants en 1784. A cette époque, on dénombrait une tannerie et une manufacture d’étoffes qui employa jusqu’à 200 fileuses.
Dès le XVIè s, la paroisse de Chastrès dépend du doyenné de Walcourt et du diocèse de Namur. Tout comme le seigneur de Croy, l’abbé Lauvaux (cité en 1802 comme stéveniste) va connaître la tourmente révolutionnaire. Occupant par conquête militaire, le Régime Français (1794-1814) supprime d’abord les seigneuries de l’Ancien Régime et les remplace par une stricte hiérarchie administrative et judiciaire.
Depuis le 31 août 1795, Chastrès fait partie du département de Sambre-et-Meuse et dépend du canton de Walcourt. Après avoir quelque peu boudé le Régime, les Chastrésiens s’y rallient après le coup d’Etat de Bonaparte. Le 27 prairial an XIIè s (16 juin 1804), Benoît Thibaut prête serment à l’Empire en qualité de maire.